Combien de mystifications jalonnent notre connaissance du passé du monde, et surtout combien de non-dits dont la révélation dépasserait l’entendement et ébranlerait l’histoire telle qu’elle nous est contée !

Notre planète nous expose les stigmates d’un passé bien plus riche que celui dépeint par les institutions censées transmettre et diffuser le savoir.

Lumière sur les Temps a pour objectif de jeter un coup de projecteur sur des zones d’ombre de l’histoire non explorées par malveillance, incurie, idéologie ou frilosité.

samedi 14 février 2015

Marcion

Marcion, (env. 85 à Sinope (actuelle Turquie)- env. 160 (Rome ?)), fut un hérésiarque chrétien qui, après avoir été chassé par l'Eglise à Rome, fonda sa propre église dont l'ampleur fut grande dans le monde connu. En occident, son église disparut sous la répression à l'époque de Constantin, adepte d'une orthodoxie sans dissidence, mais survécut quelques siècles encore (VIII ème ?) en Asie mineure.
Le dessein de Marcion était d'établir les canons du christianisme, sélectionnant, avant tout autre, les textes dignes de constituer légitimement ce qui pouvait d'ores et déjà s'apparenter à un évangile. Il encourut rapidement l'opprobre de ses pairs, car sa vision de Dieu et du Christ était fort différente des autres ; en effet, pour lui, outre le choix de ne s'appuyer que sur l'Evangile de Luc, la tradition et le Dieu des Juifs étaient réfutables. Il opposait le dieu des Hébreux, juste et sévère, à celui de Jésus, plein d'amour et miséricordieux. De plus, la relation à la chair chez l'humain physique des textes hébraïques traduisait, selon lui, l'ineptie d'un dieu ayant créé un monde dont les habitants étaient voués à la souffrance, par la tentation et les punitions divines sévères qui s'ensuivaient. Enfin, il estimait les textes des juifs inspirés, et non révélés.

Outre qu'il faille regretter la méconnaissance actuelle d'un personnage aussi éminent, il faut ajouter que Marcion fut vraisemblablement, du fait de ses contradicteurs, à l'origine de l'établissement des canons du christianisme.
Par ailleurs, on peut se poser la question de la légitimité de son propos lorsqu'il oppose le judaïsme au christianisme, car leurs préceptes et leurs discours sont bel et bien différents, ne serait-ce qu'à l'égard du rôle de la femme ; la réfutation de son œuvre par ses contemporains peut, en corollaire, s'expliquer par le fait que la majorité des premiers chrétiens était composée de Juifs à l'origine, ces derniers, malgré leur adhésion à une nouvelle foi, ayant vécu sous la règle judaïque auparavant. Lorsqu'une population différente, romaine par exemple, s'est convertie au christianisme, il était déjà question d'établir un cadre législatif à cette nouvelle religion, et Constantin, au IV ème siècle, trancha pour des canons plus fédérateurs en son empire : conjuguer les deux religions. La Bible que nous connaissons, composée d'un Ancien Testament d'inspiration judaïque et d'un Nouveau Testament révélant la parole du Christ, n'est que le fruit des nécessités politiques du christianisme naissant.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire